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Quincy-Landzécourt
9 mars 2013

Souvenirs de François Grandpierre

Souvenirs de François Grandpierre, maire de Quincy puis de Quincy-Landzécourt de 1953 à 1978

Quincy Landzécourt à travers les guerres : 1870/1871

Pour avoir une certaine vue d'ensemble, il est nécessaire de faire une rétrospective qui, si elle ne concerne pas vraiment Quincy, devrait cependant intéresser la population puisqu'il s'agit des retombées sur Montmédy de la guerre de 1870, dont dépend tout le canton.

On possède peu de renseignements sur cette guerre, il ne semble pas que la commune ait eu à supporter de façon effective l'occupation par l'armée allemande, alors qu'à Vigneul, une unité d'artillerie au moins y a séjourné et dont les batteries arrosèrent copieusement la Ville Haute de Montmédy y causant d'importants dégâts, notamment à la sous-préfecture, à la mairie et au tribunal, de même qu'à l'église St Martin.

Les deux premiers immeubles se trouvaient situés sur la place d'Armes actuelle, dont il ne reste aucun vestige, la mairie fut reconstruite à la Ville Basse, dans les locaux où se trouve actuellement la Caisse de Crédit Agricole.

Une caserne "La Houssaye" se trouvait sur la place Raymond Poincaré à l'emplacement où se trouve la mairie actuelle, cette ancienne caserne de cavalerie fut incendiée dans les derniers jours de la guerre 1914/18.

Entièrement démolie, c'est là que fut construit vers 1925 le tribunal qui siégeait depuis 1870 dans les locaux où se trouvent les magasins de la Coopérative Agricole et le magasin de fleuriste contigu. Après la dernière guerre, la ville le racheta pour le franc symbolique, y installa la Mairie et revendit l'ancienne au Crédit Agricole vers 1960, solution très heureuse pour les deux parties.

La Sous-Préfecture, située avant 70 à la Ville Haute, fut également reconstruite en Ville Basse tout comme la Mairie ; il s'agit du bel immeuble qui abrite actuellement la perception.

La Sous-Préfecture fut supprimée par une réforme administrative en 1926, au moment de la crise financière, qui à cette époque affecta la France ; c'est au cours de cette réforme que le franc fut dévalué de 5 fois, d'où Franc Poincaré.

Il est de fait qu'en raison de sa situation géographique Montmédy était mal placée comme siège de Sous-Préfecture. Les cantons de Stenay, Dun, Montfaucon, Damvillers, Spincourt et naturellement Montmédy en faisaient partie. A part Montmédy et Stenay, les autres cantons trouvaient plus de commodités pour se rendre à Verdun ; il n'en reste pas moins vrai que la disparition de la Sous-Préfecture entrainant la suppression de nombreux services provoqua le déclin de Montmédy.

Il a été dit que lors d'un premier projet, c'est la Sous-Préfecture de Commercy qui devait être supprimée, le Président Poincaré, député élu par Commercy à 27 ans, aurait sacrifié Montmédy par reconnaissance pour ses électeurs ! Ces fait sont-ils réels ? On doit tout de même convenir que Montmédy est bien excentré et peu accessible à la population des autres cantons qui composaient l'arrondissement.

C'est depuis la guerre de 1870 que datent toutes les belles constructions de l'ancienne place de la Sous-Préfecture, devenue place Tronville, et construites de même que l'ancienne Mairie où se trouve le Crédit Agricole avec de la pierre de Brouennes.

Pour en revenir à la guerre de 1870/71, on observe aux archives de Landzécourt le versement d'une contribution de guerre et réquisition pour l'armée allemande de 7278,40 francs or, ce qui ferait une belle somme transformée en nos francs actuels.

Une partie des archives de Quincy ayant disparu, il n'est pas possible de connaître le montant de la somme versée par la commune, sans doute comme d'habitude 3 fois le montant de Landzécourt.

La somme a été versée par les habitants, un emprunt par la commune réalisé en 1873 a permis de rembourser les emprunts et réquisitions subies par les habitants.

On signale qu'une patrouille de Ulhans attaquée par les "mobiles de Montmédy" lors d'un passage par Quincy a perdu un de ses hommes ; un autre soldat allemand s'est noyé au cours d'une baignade entre le pont actuel et le moulin.

Nota : les Montmédiens ont donc vu disparaître : le Service de l'Enregistrement, la Recette des Finances, le Service des Contributions Directes et Indirectes, le Tribunal et son barreau, de même que la Justice de Paix, le Service des Hypothèques, autant de services qui ont provoqué le départ de nombreux fonctionnaires et nombre de professions libérales.

Seule a pu être sauvée la Compagnie de Gendarmerie qui couvre, comme dans le passé les 6 cantons de l'ancien arrondissement.

La gare, elle aussi victime du progrès et de la route, a perdu de son importance, seule la desserte de la Belgique maintient l'arrêt de certains trains rapides "Paris-Luxembourg" ou "Calais-Bâle" et actuellement le maintien de l'Armée est bien problématique.





La guerre 1914/1918 dite Grande Guerre

Avant la première guerre mondiale, il existait 2 courants hostiles, relents des guerres précédentes et aussi d'une rivalité coloniale entre la France, l'Angleterre et l'Allemagne, mais aussi un esprit de revanche entretenu en France en raison de l'amputation par l'Allemagne de l'Alsace-Lorraine après 70, l'Allemagne de son côté regrettant de ne pas avoir été assez dure avec la France après sa défaite.

Un esprit cocardier régnait de part et d'autre, la fête nationale était fêtée avec éclat, de nombreux drapeaux tricolores apparaissaient sur les maisons de même que des lanternes vénitiennes à toutes les fenêtres, l'esprit patriotique était fort développé.

Il existait d'une part la Triple Alliance composée de l'Allemagne, de l'Autriche-Hongrie (alors réunies) et de l'Italie ; d'autre part, la Triple Entente était composée de la France, de l'Angleterre et de la Russie tsariste à cette époque.

L'héritier de l'empire austro-hongrois ayant été assassiné à Sarajevo, l'Autriche déclara la guerre à la Serbie alors état indépendant, devenu avec d'autres états en 1919 la Yougoslavie.

En vertu d'un accord antérieur, la Russie prit la défense de la Serbie, ce qui provoqua l'appui de l'Allemagne à l'Autriche-Hongrie ; l'Italie resta neutre, mais l'Angleterre et la France, conformément aux conventions de la Triple Entente, furent entraînées dans la guerre qui devint bien vite le premier grand conflit mondial lequel dura plus de 4 ans.

Bien que jeune encore, je me souviens très bien du départ de mon père et des hommes mobilisables partant presque dans l'euphorie et de toutes façons devant être à Berlin dans les 3 mois.

Si la guerre de 1870 était mal préparée "bien qu'il ne manqua pas un bouton de guêtres" selon le ministre de la guerre du moment, celle de 1914 ne valait guère mieux, nous en étions encore aux pantalons rouges et à la cuisine qui se faisait en escouade entre deux pierres, alors que les allemands arrivant peu après en étaient déjà aux cuisines roulantes et aux habits sombres, disposant de nombreuses mitrailleuses, alors que nos pauvres fantassins ne possédaient que des Lebels, voire des fusils Gras.

On m'excusera de certains détails vécus qui se sont produits à Villécloye, où j'ai passé une partie de la guerre chez mon grand-père, le reste à Chauvency St Hubert avec ma mère, ayant malgré tout recueilli auprès de témoins oculaires des faits authentiques qui se sont passés à Quincy et Landzécourt, mais nos villages étant presque voisins ont subi la guerre de la même façon et libérés ensemble le 11 novembre 1918, certains détails valent pour l'ensemble.

Les services de ravitaillement fonctionnaient mal et l'armée devait recourir aux réquisitions des hommes, trop âgés ou trop jeunes pour porter les armes, avec chevaux et voitures pour assurer les transports que l'on appelait vulgairement "convois".

Certains de ces requis se replièrent avec l'armée, mais l'ensemble de la population resta sur place et subit donc une occupation qui devint assez vite très sévère dès le milieu de 1915 ; il fut impossible à la population de se rendre d'un village à l'autre si proches soient-ils, car nous étions dans la zone des armées, juste au nord du front de Verdun.

Dès la mobilisation générale, les hommes rejoignirent leurs affectations, une bonne partie des réservistes de la région fut incorporée au 165ème d'Infanterie de Montmédy, ainsi qu'au 5ème régiment d'Artillerie de forteresse, une partie de la garnison resta sur place, le reste prenant position à Thonne les Prés, Fresnois, Villécloye, mon père se trouvait à Fresnois.

Les troupes de l'intérieur vinrent s'installer dans toute la campagne environnante. Un régiment de Chasseurs d'Afrique, tout rutilant, cantonna avec un régiment d'Infanterie Coloniale à Chauvency St Hubert ; je me souviens encore d'un voisin qui en un après-midi usa sa meule pour repasser et aiguiser les sabres des chasseurs.

La Belgique à cette époque était neutre, mais selon les allemands, il ne s'agissait que d'un chiffon de papier et ils envahirent bien vite ce petit pays.

Les troupes de couverture franchirent la frontière pour porter secours à la Belgique, où nos pauvres chasseurs, chargeant sabre au clair, vinrent s'empaler sur les mitrailleuses allemandes ; seuls un vingtaine de cavaliers échappèrent au désastre de Rossignol, la meule du voisin n'avait pas servi à grand chose.

Les troupes allemandes envahirent la région par 2 axes distincts. L'un venant de Virton Rossignol où eurent lieu de durs combats, prenant la direction de Margut St Walfroy où il y eut une bataille le 27 août, dont je me souviens très bien, les allemands s'emparèrent d'Olizy après un dur combat où de nombreux civils furent fusillés et le village brûlé, les allemands accusant les civils d'avoir aidé la troupe, comme ils l'avaient fait auparavant à Ethe (Belgique), cette colonne se dirigea ensuite vers Stenay.

L'autre colonne venait de la région de Longuyon, après avoir investi Longwy et essayant de faire sa jonction avec la première colonne aux environs de Dun sur Meuse. Il y eu une violente bataille à Mangiennes où le 120ème de Stenay subit des pertes sévères.

Pendant ce temps, la garnison de Montmédy fut regroupée à la Ville Haute sous le commandement d'un lieutenant-colonel qui dut être remplacé, il fut décidé d'évacuer la place après avoir détruit le matériel et les installations militaires.

Rejoindre Verdun était un jeu d'enfant, mais le pont de Vigneul avait été détruit prématurément, ce qui cependant n'empêchait pas des troupes à pied de passer sans encombres.

La garnison, musique en tête mais en silence, vint passer par la gare SNCF, emprunter la ligne de Montmédy à Verdun aujourd'hui disparue par la prairie de Villécloye, Montmédy Ville, Iré les Prés en direction de Han, un par un de chaque côté de la voie, le défilé de 2800 hommes de la garnison fut interminable et le soir même la troupe bivouaquait à moins de 2 km à vol d'oiseau de son point de départ.

Au cours de cette première nuit, une bande de sangliers provoqua une certaine panique, une quinzaine d'hommes se noyèrent dans la Chiers.

A ce moment la route était libre, mais pendant ce temps perdu, l'armée allemande, venant de Longuyon Mangiennes coupa la route de repli de la garnison qui le 2ème soir en était seulement à la forêt de St Dagobert.

Les forestiers, qui constituaient une unité, connaissant bien tout ce massif boisé, s'offrirent de guider la garnison et de la conduire sans encombre à Verdun ; naturellement, cette offre fut rejetée par le Commandement.

Une bataille s'engagea dès le lendemain en sortie des bois de Louppy Brandeville où les allemands avaient eu le temps d'amener des effectifs importants, estimés plus tard à près de 10000 hommes.

Après 3 heures de combat, il y avait 5 à 600 tués de part et d'autre ; après ce fut le sauve qui peut, une partie des survivants fut faite prisonnière sur place, le reste s'éparpilla dans les bois, de nombreux frontaliers, privés de nourriture, rentrèrent chez eux où ils furent repris, à quelques exceptions, quelques semaines plus tard.

J'ai connu certains de ces cas isolés dont l'un d'ailleurs fut trahi en 1917 par la naissance d'un fils, alors que l'on ne connaissait aucune liaison à la mère ; le malheureux ne revint pas de captivité, se laissant dépérir volontairement, malgré les instances de ses compagnons d'infortune (il ne s'agit pas de Quincy), un cas identique s'est produit dans une autre localité, l'auteur est rentré de captivité avec les autres prisonniers.

J'ai connu aussi 2 cas qui ont réussi, l'un ayant pu gagner le Luxembourg au début de l'occupation, l'autre ayant pu se cacher pendant toute la guerre dans un fournil malgré la présence permanente de l'occupant.

Telle fut l'odyssée de la garnison de Montmédy qui aurait pu être évitée avec un meilleur commandement ; seule une section, qui avait suivi les conseils des forestiers, rejoignit Verdun où elle éprouva de grosses difficultés pour justifier son arrivée. Quincy paya son tribut à la bataille de Brandeville, mais il est certain que si la garnison avait gagné Verdun, les pertes en vie humaine auraient été plus importantes au cours des combats meurtriers qui se poursuivirent pendant 4 ans, alors que les prisonniers qui se trouvaient en Allemagne n'avaient pratiquement plus de risques.

Quincy et Landzécourt perdirent 6 de leurs enfants au cours de la guerre, plus une victime civile ; les municipalités n'éprouvèrent même pas la nécessité de concrétiser le souvenir de ces héros et ce n'est qu'après mon arrivée à la Mairie en 1953 que j'ai fait apposer une plaque commémorant leur sacrifice avec ceux de la guerre 1939-45.

Nota : c'est en mai 1917 que j'ai regagné Chauvency St Hubert ; mon grand-père, qui éprouvait de grosses difficultés pour me nourrir et qui espérait revoir sa fille, fit une demande auprès de la Kommandantur qui fut agréée, mais il ne put m'accompagner, un allemand armé me reconduisit à la Kommandantur de St Hubert où ma mère vint me chercher.

Mon grand-père dut attendre encore 18 mois avant de revoir sa fille.





L'occupation

Les armées allemandes envahirent rapidement tout le Nord de la France, il est probable qu'une erreur de Von Kluck sauva Paris de l'invasion et sans doute la France.

Dans un élan magnifique, les soldats appelés plus tard les "Poilus" au sacrifice de leur vie bien souvent, repoussèrent l'envahisseur qui, après un recul important, vint se terrer sur un front de l'Alsace à la Mer du Nord.

La victoire de la Marne restera dans les annales une des plus belles pages de l'histoire de France, hélas nous trouvant au nord de cette ligne, nous devenions tous prisonniers pour 4 ans, supportant un joug, qui au fil des années devint de plus en plus dur et dès le milieu de 1915, il devint impossible à la population de se rendre dans les communes voisines, si proches soient-elles.

C'est seulement après la bataille de la Marne que le pays fut effectivement occupé par un ennemi qui se considère bien vite en pays conquis.

J'ai assisté à diverses réquisitions de chevaux et de bétail pour l'armée française, mais c'est vraiment à partir de l'occupation que les réquisitions s'amplifièrent : Il ne resta bientôt plus de chevaux et la presque totalité du bétail, à l'exception de quelques laitières dont les propriétaires devaient fournir le lait à l'occupant, fut également réquisitionné.

Les terrains dans leur ensemble furent exploités par les allemands et à leur profit ; l'exploitation était placée sous le contrôle d'une unité, dont certains de ses membres, vieux territoriaux dans l'ensemble, séjournèrent à Quincy plusieurs années.

Chaque matin, les hommes valides et les jeunes gens devaient se rendre à l'appel avant de participer aux travaux de la ferme allemande, conduisant les attelages, s'occupant des travaux habituels selon les saisons et s'occupant du bétail dont une bonne partie était regroupée à la ferme St Martin.

Les femmes et les jeunes filles participaient aux binages ainsi qu'aux travaux de fenaison et de moisson de même qu'à la récolte des pommes de terre et des betteraves.

Le blocus continental gêna considérablement l'Allemagne où le ravitaillement devint rare ; chacun selon les saisons devait recueillir les orties et les plantes médicinales de même que les fruits, pourtant bien petits, des épines pour en faire de la marmelade et les enfants d'âge scolaire devaient participer aux diverses cueillettes (j'y suis allé ainsi qu'aux orties).

L'Allemagne manquait de tout, aussi de nombreuses perquisitions avaient lieu dans le but de se procurer des draps, du linge, de l'argent, des objets ou des pompes en cuivre, même les cloches furent enlevées, certaines des environs furent retrouvée à Metz alors que d'autres furent fondues.

Le ravitaillement de la population devint rapidement très difficile ; un comité fut constitué (comité Raty) dont le siège se trouvait à Longwy. Chaque quinzaine, avec l'autorisation de l'armée allemande, une certaine quantité de denrées (farine noire, lard américain, quelques céréales notamment maïs écrasé, saindoux, même un peu de tourteau) était réparti entre les communes du canton, la répartition se faisant à Montmédy où le maire et un charretier, accompagnés par un soldat allemand, se rendaient à chaque distribution, ce qui permettait par la même occasion de donner quelques nouvelles de leurs familles aux habitants du canton.

Il fut nécessaire de créer un Conseil Municipal de circonstances et qui dut à maintes reprises approuver la création d'une certaine monnaie provisoire.

Le Maire en exercice, Mr Louis MOLITOR, avait été déchu de ses fonctions pour un fait bien regrettable : 3 soldats français, dont un officier1 parait-il, ne voulant pas être faits prisonniers s'étant mis en civil, vinrent trouver Mr MOLITOR qui leur remis un sauf-conduit de complaisance pour se rendre dans un village frontière avec l'intention de passer en Belgique, lui promettant de détruire le sauf-conduit dès leur arrivée.

Repris ultérieurement, un de ces hommes fut trouvé porteur de ce document. Mr MOLITOR fut inquiété et fut condamné à une peine de prison en Allemagne et c'est une requête de sa famille au Kaiser qu'il put être libéré, mais ne fut réintégré dans ses fonctions qu'après l'armistice (complaisance bien mal récompensée).

En plus de l'occupation de Quincy, l'unité devait entretenir les cantonnements destinés aux combattants se battant devant Verdun et qui venaient au repos bien décimés apportant leur poux et leurs puces qui pullulaient dans les tranchées.

Ces troupes recevaient des renforts en provenance d'Allemagne ou du front russe, où les combats étaient moins meurtriers, afin de renforcer les unités qui remontaient en ligne et dont certaines sont revenues à Quincy jusqu'à 3 fois, car contrairement à l'armée française qui défila devant Verdun, la 5ème armée allemande était le fer de lance de la bataille.

Son chef était le Kronprinz, prince héritier qui menait joyeuse vie à Stenay au château des Tilleuls ; je me souviens très bien l'avoir vu à Chauvency St Hubert dans une longue voiture découverte et Marcel LAMBOTIN l'a vu, avec bien d'autres personnes, traversant Quincy à cheval.

Matériellement la guerre fut beaucoup plus dure pour notre région que la dernière guerre, mais il n'y avait pas de résistance organisée et l'armée allemande n'avait ni Gestapo, ni S.S., si bien qu'à part les exactions du début de la guerre, malgré sa dureté et une forte discipline, les rapports furent à peu près corrects, pourtant bien des farces et des larcins furent commis par les jeunes au détriment de l'armée.

On signale que pendant l'occupation, 2 aspirants se sont noyés, entre le pont et le moulin, au cours d'une baignade pendant une relève de Verdun.

Dès le début de la guerre, tous les ponts de la Chiers furent détruits de même que le tunnel de Montmédy (les ponts de l'Othain et du Loison restèrent intacts ainsi que le viaduc de Thonne les Prés), 3 otages dans presque toutes les communes du canton ont garanti pendant plusieurs mois le viaduc (il ne semble pas que Quincy en ait fourni, ces faits se sont passés en 1915). Ces otages se trouvaient rassemblés au Château de Ladonchamp à Montmédy, dont mon grand-père pour Villécloye, par la suite d'autres otages furent déportés en Allemagne où ils ne subirent aucun mauvais traitement, c'est dire que la mentalité était bien différente de 39-45 où les lois de la guerre furent bafouées.

Le tunnel détruit, immédiatement l'armée allemande mit en place une voie ferrée qui, partant du P.N. de Montmédy, traversait la place de la sous-préfecture, la rue de l'Isle, avant de longer, la voie étant posée sur le trottoir, l'église, toute la grand rue, passant devant la boulangerie Wolf, avant de traverser la route auprès du dépôt des Ponts et Chaussées pour emprunter la tranchée creusée dans un temps record et par un large tournant s'en vint rejoindre le viaduc ; les prisonniers de la garnison, qui se trouvaient encore là, durent participer aux travaux2.

Ce n'est qu'au cours de la guerre que la voie fut déplacée passant sous le C.E.G. actuel, sous la gendarmerie, avant de rejoindre le premier tracé ; ce n'est que plusieurs années après la guerre que le tunnel fut restauré ; pendant toute la durée des travaux, le trafic s'effectuait par le contournement.

Il a été dit que tout le matériel ayant servi au contournement était entreposé depuis plusieurs années à Metz, alors ville allemande.

Je me souviens fort bien de la création au début de la guerre du cimetière allemand de la route de Villécloye et qui a servi à enterrer les blessés décédés en provenance de front de Verdun, à l'hôpital militaire qui se trouvait à l'emplacement actuel de la coopérative agricole, rue Mabille.

La bataille fit rage pendant 4 ans et nous entendions de façon ininterrompue le bruit de la canonnade dont les grosses pièces faisaient trembler les vitres ; il est certain que si le Génie Militaire ne s'était pas opposé lors de la création en 1912-13 de la voie ferrée Montmédy-Verdun en voie normale, le sort de Verdun eut été différent, car je me souviens très bien, les allemands devaient transborder tout le matériel et les munitions destinés au front. De plus, il fallait trois machines pour emmener une douzaine de wagons jusqu'en haut de la côte Iré les Prés Han les Juvigny, une machine poussant le convoi et qui revenait en haut le pied dès que le convoi était arrivé en haut de la montée.

Ce fut également le véritable début de l'aviation, les allemands avaient installé un terrain à Thonne les Prés ; il nous arrivait souvent d'assister à des combats aériens ; on reconnaissait les avions allemands à leur croix noire, mais aussi par leur fuselage se terminant en forme de queue de poisson, ce qui était différent des avions français et alliés.

Au cours de ces combats, 2 avions allemands furent abattus à Quincy, l'un lieu-dit "Le Violon", le second dans sa chute percutant la côte au-dessus de la "Rue Basse" de Landzécourt.

Après 4 années de stabilité relative avec ses hauts et ses bas, l'armée américaine devenant opérationnelle, des résultats concrets furent obtenus sur le front de l'Argonne au prix de pertes importantes ; les allemands se replièrent lentement et Quincy se trouvait en pleine zone de combat lors de l'armistice ; les batteries américaines tiraient sur le village, un civil, Mr ARNOULD, remontant de sa cave, fut tué, car la population se terrait depuis plusieurs jours.

Les allemands occupaient encore le bois de "Fays" et le "Bois Robert" alors que les américains étaient en lisière de la "Grosse Haie", bien qu'une certaine accalmie régna en raison des pourparlers d'armistice, les combats étaient encore très meurtriers ; on retrouva après l'armistice les cadavres d'une vingtaine de chevaux tués en divers points du territoire, les hommes tués ou blessés avaient été relevés par les allemands avant leur départ.

Un fait précis est à signaler : à la sortie de Quincy se dirigeant vers le "Bois Robert", un cavalier allemand passant près de Gabriel FALALA lui dit alors que celui-ci se cachait : "Monsieur, bientôt la guerre finie". A peine avait-il franchi 50 mètres qu'il était fauché ainsi que son cheval par un "fusant" ; c'était le jour du 11 novembre à 10 h 30, le cessez-le-feu avait lieu à 11 heures.

L'armistice devint effectif à 11 heures, ce fut le calme plat qui succéda au bruit du canon et de la mitraille, personne ne voulait y croire et pourtant c'était fini, bien fini.

Dès le lendemain, l'armée allemande, qui pullulait, quittait la région ; le 12 au soir, tout le monde était parti, mais se retirant dans l'ordre et emmenant son matériel, sauf les munitions, bien sur, dont les tas bordaient les chemins et les couverts.

Une unité de l'armée française vint remplacer l'armée allemande et resta tout l'hiver, car le traité de paix ne fut signé que le 28 juin. Les soldats furent démobilisés, hélas, il y avait des manquants : 6 soldats. Il est bien certain que les pertes auraient été plus lourdes si la garnison de Montmédy avait pu gagner Verdun et sans l'occupation, car les jeunes mobilisables des classes 14, 15, 16, 17, 18 et même 19 ne purent être mobilisés, or ce fut parmi ces jeunes classes que l'hécatombe fut la plus lourde.





La guerre 1939/45

La guerre 1914-18 terminée, l'économique reprit ses droits, des chevaux de l'armée et en provenance d'Allemagne furent attribués aux cultivateurs, des vaches de toutes races et de Hollande reconstituèrent le cheptel tout doucement et le village reprit son visage habituel, les enfants qui n'avaient pas fait grand chose pendant 4 ans reprirent le chemin de l'école.

Un chemin devant relier Quincy à Chauvency par la Sarthe, à l'ordre du jour depuis longtemps et dont le projet devait être réalisé fin 1914, fut de nouveau remis sur la sellette ; le nouveau Conseil, dont certains de ses membres avaient des propriétés dans cette partie du territoire qui risquaient d'être amputées firent passer leur intérêt personnel avant l'intérêt général, si bien que le projet, prêt d'aboutir, fut abandonné.

Pourtant à cette époque, ce chemin avait un intérêt capital pour Quincy et Landzécourt, en raison de la gare de Chauvency, où les grains étaient chargés ou y recevait toutes les marchandises ainsi que les engrais qui commençaient à être vulgarisés ; le service voyageur avait un rôle très important, beaucoup d'ouvriers de Quincy travaillaient à Chauvency.

Depuis l'apparition et le développement des transports automobiles et des voitures particulières, ce chemin n'aurait plus qu'un intérêt secondaire, la gare de Chauvency étant d'ailleurs désaffectée ; pendant plusieurs décades, ce projet fut l'enjeu de luttes électorales.

C'est en 1932-33 que l'eau potable, qui ne desservait que les abreuvoirs depuis 1903, fut installée chez le particulier. Déjà en 1927-28, l'Est Électrique avait installé l'électricité dans le village et qui prenait le relais du courant fourni par la dynamo installée au moulin pendant la guerre ; mais ce fut la réalisation d'un vaste plan d'ensemble régional, c'est le moment où fut vulgarisée l'électricité.

De son côté Landzécourt avait, partant de la fontaine publique, installé la distribution de l'eau dans le quartier bas ; ce n'est qu'après la fusion avec Quincy que le quartier haut a pu être desservi en eau potable.

Puis on en revint encore une fois aux bruits de guerre. C'est à partir de 1934-35, que faisant suite à la ligne Maginot, la tête de pont de Montmédy fut fortifiée ; elle comprenait 4 ouvrages principaux : l'ouvrage de Velosnes où la plus grosse partie des réservistes de Quincy étaient mobilisés, Thonnelle, Le Chenois à Thonne le Thil et l'ouvrage de La Ferté, dont les occupants périrent tous asphyxiés par les gaz de leurs obus, la ventilation étant en panne dés les premières attaques de mai 1940. Tous ces ouvrages étaient reliés par un réseau de téléphone souterrain dont le poste de commandement était situé à Landzécourt et qui n'était d'ailleurs pas terminé au début de la guerre, lieu-dit les "z" appelé usuellement depuis P.C., bordant le chemin reliant Quincy à la RD 110. Les 2 casemates servant au P.C. existent toujours de même que les 2 chambres de coupure, l'une au dessus de Landzécourt, l'autre vers Chauvency près de la route 947 ; les allemands pendant l'occupation, manquant de matériel non ferreux, relevèrent tous les câbles souterrains.

Dès 1938, lors de la prise des Sudètes (Tchécoslovaquie) par Hitler, la mobilisation partielle fut décrétée, nous partions le 23 août à 17 de Quincy et Landzécourt pour rejoindre l'ouvrage de Velosnes.

L'accord de Munich3, de sinistre mémoire, étant intervenu, le 1er septembre4 (1938) nous sommes rentrés dans nos foyers et les chevaux réquisitionnés rendus à leurs propriétaires en bien piteux état, n'ayant été l'objet d'aucun son pendant la semaine écoulée.

Mais ce n'était qu'une répétition, toute la Tchécoslovaquie était envahie en mars 1939 et Hitler déclare la guerre à la Pologne le 2 septembre (1939), ce qui eut pour conséquences l'intervention de la Grande Bretagne et de la France.

La Pologne fut rapidement envahie, ceci d'autant plus que l'URSS s'allia avec l'Allemagne, ce qui provoqua l'effondrement de ce pays courageux qui fut littéralement dépecé.

Nous étions 30 mobilisés à Quincy et Landzécourt, dont une bonne partie comme en 1938 rejoignit l'ouvrage de Velosnes qui n'était pas terminé ; nous étions sans eau et sans lumière et une partie de l'armement n'était pas opérationnelle. Que serait-il advenu si l'attaque avait eu lieu dès l'ouverture des hostilités ?

Le 46ème d'Infanterie de Paris vint cantonner à Quincy, des éléments du 3ème Génie à Landzécourt, précédant le 232ème régiment d'Artillerie formé à Auch. Les pièces de 155 furent installées à Vigneul, l'échelon des 3 batteries et le TR à Quincy avec tous les chevaux.

Dans le courant de novembre (1939), ce régiment fit mouvement en direction de la Sarre et fut remplacé par une unité identique : le 203ème d'Artillerie Coloniale formé à St Paars (ou St Parres ?) près de Troyes, qui revenait précisément de la Sarre où il y avait eu de sérieuses escarmouches, mais aucune bataille importante.

On s'installa donc dans la "drôle de guerre", le pinard coulait à flot, agrémenté du "théâtre aux armées" le moral de la troupe inactive pendant 8 mois n'était pas bon, les conducteurs ne prenaient même pas soin de leurs chevaux, pauvres bêtes péries bien souvent faute de soins.

Il y eut bien quelques alertes, notamment en novembre, mais sans suite. Ce n'est que le 9 mai (1940) que la guerre à l'ouest devint vraiment effective avec l'entrée des troupes allemandes en Hollande, Belgique et Luxembourg, et immédiatement les blindés et l'aviation ennemies désorganisèrent le système défensif.

Le jour même, la Préfecture, par télégramme, demandait aux Maires du canton de "prévenir la population de se tenir prête à une évacuation rapide éventuelle" (texte du télégramme). Par crainte d'affoler la population, le Maire ne transmit pas les instructions de la Préfecture. La nuit, un second télégramme donnait ordre d'évacuer dans les 2 heures, c'est à dire à 4 heures du matin ; il fallait bien prévenir les habitants, rien n'était prêt, madame Joseph LAMBOTIN tomba inanimée et mourût dans la journée à l'hôpital de Vouziers, victime d'une crise cardiaque.

Libéré depuis février comme père de 4 enfants, je pris immédiatement la place du maire défaillant et organisai l'évacuation du village qui devint effective à 10 heures du matin ; j'avais dès 6 heures 30 réuni les hommes valides à la Mairie et établi un plan de façon que chaque famille puisse bénéficier d'un moyen de transport. Ah, si nous avions été prévenus la veille, que d'erreurs et oublis auraient pu être évités !

La population partie, je restais seul afin de procéder à l'évacuation du bétail avec un brigadier et 3 hommes mis à ma disposition par l'Officier de Cantonnement ; je regroupais 155 vaches que j'emmenais dès le lendemain 12 mai à Mouzay où une commission d'achat fonctionnait et le soir même, je remettais à Tailly (Ardennes) où la population de Quincy bivouaquait, le bon de paiement auquel chaque propriétaire avait droit. Gaston MOLITOR avec son fils et Aimé ARNOULD, qui étaient restés, m'accompagnèrent à Mouzay, conduisant leurs vaches.

L'évacuation eut donc lieu le lendemain de l'attaque allemande, c'est à dire le 11 mai, mais déjà la veille au soir 5 avions allemands rasant les toits survolèrent Quincy et au cours de la journée du 10 mai de nombreux bombardiers, venant de bombarder l'intérieur, rentraient en Allemagne en survolant le pays, mais d'avions français ou anglais, point ! La D.C.A. fit ce quelle put, mais sans résultat ; les éclats tombant sur les maisons et le chemin, dont l'un presque à mes pieds.

Pour gagner Tailly 20 km, les habitants durent passer par Mouzay, le château de Charmois, Lion devant Dun, Milly sur Bradon, Sassey, Villers devant Dun, Andevanne et Tailly, soit une cinquantaine de kilomètres5.

Dès le lundi 13 mai, sur ordre du responsable de la région, nous reprenions la route vers le sud ; Carignan brûlait, les allemands s'approchaient de la Meuse qu'ils franchirent le soir même. Nous subîmes un important bombardement aérien, car les troupes montaient en renfort, mais il n'y eut aucune perte, heureusement, mais la population s'est trouvée dispersée.

Certaines personnes, sans attelage, furent embarquées à Dun sur Meuse en direction de la Charente, département d'accueil pour la Meuse, ainsi que les femmes et les enfants qui avaient pris place dans des camions militaires qui embarquèrent à Sommepy (Marne) avec la même destination.

Le convoi en partie se dirigea vers la Côte d'Or, une autre partie en direction de la Charente, mais dût s'arrêter dans le Cher. Je partis vers l'Eure et Loir où j'avais de la famille. Chacun s'organisa de son mieux, mais lors de la débâcle de juin, il fallut reprendre la route dans un désordre indescriptible, la moitié de la France était évacuée et partout où nous arrivions, nous trouvions le vide jusque la Loire.

Dès l'armistice le 24 juin, chacun s'efforça de regagner Quincy, ceux qui n'étaient pas trop loin purent le faire, ceux qui étaient trop loin en furent empêchés, car entre temps, les allemands avaient institué une zone interdite qui englobait la Meuse avec l'intention d'annexer cette zone en cas de victoire définitive.

J'ai moi-même été bloqué sur la Marne avec ma famille et de nombreux réfugiés. J'ai tout de même pu passer en bicyclette et le 12 août, j'étais à Quincy où 22 personnes étaient arrivées, celles qui précisément étaient allées le moins loin. La vie y était très difficile, pas de ravitaillement.

Devant les dégâts à ma maison et le risque d'annexion, car à ce moment tout le monde voyait l'Allemagne gagnante, je décidai de ne pas rentrer ; je suis tout de même passé 5 fois au cours de la guerre, éprouvant parfois de grandes difficultés, toujours en vélo sans être endimanché.

Fort heureusement, l'Angleterre, grâce à son vieux lion Winston CHURCHILL, tint seule. En 1941, l'Allemagne attaquant son alliée la "Russie", qui 2 ans auparavant avait dépecé la Pologne avec elle, la guerre prit une autre tournure. La zone interdite fut cependant maintenue pendant 2 ans, mais elle était devenue bien vite une passoire, passé la ligne le danger était nul, si bien qu'à la fin de 1942, la presque totalité de la population avait réintégré Quincy.

L'armée allemande réédita sa tactique de 1914 par la trouée de Sedan, dont l'aile gauche prit l'ouvrage de "La Ferté".

Selon des soldats du 203 avec qui nous sommes restés en contact après la guerre, des pièces de 155 long furent amenées à Quincy, une batterie sortie du village vers St Martin, une seconde sortie côté "Bois Robert", une pièce de marine étant placée entre les 2 premières maisons côté St Martin. Ce sont les départs des coups tirés par ces pièces qui provoquèrent des dégâts importants aux maisons environnantes, leurs objectifs se trouvant depuis La Ferté, Inor et Martincourt.

A part ces tirs d'artillerie, le secteur resta relativement calme, il y eut cependant une quinzaine de soldats, dont 5 nord-africains et 3 officiers tués dans les environs dont 2 par l'éclatement de leur pièce. Tous ces hommes furent enterrés à côté du cimetière communal, leur corps furent relevés vers 1960.

Un témoin oculaire m'a signalé avoir assisté à l'exécution d'un officier auprès du cimetière, considéré comme un espion, alors qu'il ne s'agissait en fait que d'un pauvre homme qui était devenu amnésique.

La famille LAMBOTIN, qui avait déjà perdu 2 de ses fils en 14-18 paya le même tribut en mai et juin 1940. Trois jeunes gens du village disparurent également au cours de la guerre. 18 mobilisés furent faits prisonniers et, en 1945 fin des combats, ils étaient encore 13 en captivité.

Plusieurs jeunes gens du village furent requis vers 1942 pour le travail obligatoire en Allemagne, l'un d'eux, Paul MATHIEU, y trouva la mort ; les autres rentrèrent en 1945 avec les prisonniers militaires.

La vie repris cahin-caha, vu l'importance des pays conquis, l'occupation ne pouvait être effective comme en 14-18, par contre, la Gestapo et les troupes SS firent régner la terreur ; la moindre exaction pouvait avoir des conséquences terribles, celles-ci s'accentuant du fait que la résistance s'organisait, qui bien souvent hélas commit des imprudences et des erreurs.

Une partie du territoire fut de nouveau exploité par les fermes "allemandes", les terrains de "Fourmaumée" et du "Haut de Cerf" depuis Chauvency, ceux de "Derrière Fays" depuis Louppy, mais il n'y eut pas d'allemands à Quincy, si ce n'est au moment du recul dans les derniers jours d'août 44.

Le ravitaillement s'organisa, mais devint très vite difficile et l'on dut avoir recours aux cartes de rationnement, qui en échange de tickets donnaient droit, selon l'âge et la profession, à une certaine quantité de denrées devenues fort rares : pain, vin, sucre, viande, légumes secs, tabac, etc. La distribution des chaussures et des vêtements s'effectuait de la même façon, de même que celle des pneus de bicyclette, très rares et très utiles, car c'était à peu près le seul moyen de transport, même les médecins étaient dépourvus d'essence.

Il ne restait pas beaucoup de chevaux, les allemands procédant à des réquisitions, on dut atteler des bœufs ; il fallut installer des gazogènes sur les voitures ou camions, forts rares d'ailleurs, qui marchaient soit au charbon de bois, soit au bois, c'est le cas de le dire, le carburant était livré en sacs.

Les agriculteurs étaient astreints à des fournitures de céréales, pommes de terre, oléagineux, animaux de boucherie, livrés à une commission d'achat, lait, beurre, etc. Le marché noir était florissant et, si souvent, les denrées servaient de monnaie d'échange, certains margoulins firent un commerce excessif à des prix éhontés.

Le colza et la navette6 firent leur apparition, le supplément disponible était trituré à Bréhéville, la saccharine remplaçant le sucre de même que l'orge ou divers autres grains remplaçaient le café.

En 1914, seuls les ponts de la Meuse et de la Chiers furent détruits. En 1940, aucun pont, si petit soit-il, ne fut épargné, ce qui bien souvent frisait le ridicule, le pont de Quincy subit le même sort. Si sa destruction n'eut aucune incidence sur l'avance ennemie, par contre, elle gêna considérablement la population, une passerelle fut bien établie au niveau du Loison en aval du pont détruit, mais qui était recouverte à la moindre crue ce qui était très fréquent avec tous les ponts détruits qui obstruaient les cours d'eau. Le passage devait donc s'effectuer en barque ; lors d'un passage, le jeune Germain PETITPAS, emporté par le courant, se noya en traversant 2 personnes de Quincy. Le nom de cette victime civile est gravé sur la plaque commémorative.

La libération de Quincy a connu des moments tragiques ; début août déjà, 7 jeunes gens, dont un de Vigneul mais aucun de Quincy, furent massacrés dans les bois de la "Grosse Haie", où ils se cachaient non loin de la "Fontaine d'Argent" où ils se ravitaillaient en eau.

Au moment de la débâcle, les allemands évacuant la France, plusieurs unités firent étape à Quincy ; à la suite d'un mauvais renseignement, le maquis des bois de Montmédy vint attaquer Quincy où, croyait-il, il n'y avait que 2 officiers avec leurs ordonnances. C'est à une unité de l'Afrika-Korps, composée de plus de 400 hommes, que ces 17 jeunes braves, mais combien imprudents, vinrent se heurter, les uns l'arme à la bretelle venant par le chemin de Vigneul, les autres par le bois de la Maisse et le moulin. Les allemands, sur leur garde, ouvrirent le feu sur ces derniers ; le sergent F.F.I. qui commandait le détachement fut tué, 2 autres furent blessés et pendus face à la Mairie, leurs corps restant exposés 3 jours. Le sergent des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) était originaire de Pillon, dénommé HENNEQUIN Lucien Marie Louis, âgé de 23 ans. Les 2 blessés qui furent pendus par les allemands se dénommaient l'un WARION René Marcel, âgé de 18 ans de Fresnois la Montagne, le second Joseph PAWLACK, d'origine polonaise, âgé de 21 ans, demeurant à Tellancourt ; ils furent enterrés à Quincy et exhumés peu après à destination de leurs villages respectifs.

Aussitôt, 10 otages furent enfermés dans un local de la Mairie, devant être exécutés si une nouvelle attaque se produisait ; ils ne furent relâchés que 3 jours plus tard avec 10 volontaires du village venus les remplacer, ce qui fit dire à un officier allemand : "volontaire de la mort, encore jamais vu ça". Fort heureusement, il ne s'agissait pas de troupes SS, si bien que Quincy s'en est tiré sans effusion de sang, tous les allemands n'étant pas des criminels.

On doit cependant signaler le sang froid de madame LEMARCHAL qui déguisa 2 attaquants en garçons meuniers et leur sauva sans doute la vie ainsi que celle de sa famille, car ces jeunes gens, pris de panique, s'étaient réfugiés au moulin, qui fut inspecté de fond en comble par les allemands ; ceux du chemin de Vigneul purent s'enfuir, prévenus à temps par Mr Jean Baptiste PIERRARD ; il failli être cependant fusillé, de même que Mme PIERRARD et leur bonne, les allemands les ayant vu, depuis Quincy, parler aux maquisards.

Telles furent les péripéties de la libération de Quincy fin août et jusqu'au 6 septembre 1944, date du départ définitif des troupes allemandes. Ce n'est qu'en mai 45 que l'Allemagne capitula ce qui permit aux prisonniers et aux requis civils de regagner leurs foyers, soit au total 17.

Annexe : ce n'est qu'en 1949 qu'un pont dit "travée d'Arromanches", ayant servi au débarquement allié en Normandie en 1944, fut installé à Quincy. Sur le moment, la population fut satisfaite, d'autant plus qu'en 1978, soit 34 ans après la fin de la guerre, il reste encore de nombreux ponts à reconstruire.

Par contre, on déplore sa faible largeur et son entretien très coûteux a été mis à la charge de la commune, ce qui constitue une injustice flagrante, car le pont détruit, relativement neuf, ne nécessitait aucun entretien et avait une largeur normale.





Quincy après la guerre 1939/45

Dés avant la fin des hostilités, des élections municipales eurent lieu, à peine étais-je rentré, et il manquait encore une partie des prisonniers non rapatriés ; je fus élu difficilement, la population oubliant sans doute mon attitude lors de l'évacuation de 1940, peu importe.

En raison de ces incidences, j'ai pensé qu'il serait déplacé de briguer la place de maire ; aussi, monsieur Julien FALALA ayant été élu, alors qu'il se trouvait encore en Allemagne, fut cependant tout surpris à sa rentrée.

En 1947, le scrutin ayant été confirmé, il n'y eut pas de faits saillants. Chacun étant occupé à panser les plaies provoquées par la guerre, le ravitaillement jusque 1948 fut très difficile, surtout après l'hiver de 1947 où tous les ensemencements furent détruits dans toute la France ; nous en étions réduits à manger du pain de maïs qui était infect.

Les terres exploitées par les allemands furent remembrées provisoirement au cours de l'hiver 1944-45, ce qui donnait une priorité pour le remembrement définitif.

J'étais devenu président du syndicat local et à ce titre, au cours de nombreuses démarches, à Bar le Duc ou à Nancy, dont dépendait à cette époque le Génie Rural de la Meuse, j'ai pu faire inscrire Quincy au programme de 1953.

Élu maire en 1953, je devenais d'office Président de la Commission Communale, j'ai, non sans mal, fait étendre le remembrement à Landzécourt, alors non compris, où une partie des propriétaires était hostile au projet ; j'ai du demander le concours du sous-préfet, Mr ÉRIGNAC, lequel est venu spécialement à Quincy. Il était indispensable que les 2 communes soient remembrées conjointement.

Alors que l'administration était sceptique sur les chances de réussite, le remembrement était terminé en 14 mois. Dès septembre 54, nous prenions possession des nouvelles parcelles. J'avais payé de ma personne et fait d'importants sacrifices7 que la population a bien compris ; aux élections qui ont suivi, j'obtenais 95% des votants (mon meilleur score) et les félicitations du sous-préfet Mr FEYDEL.

Ce n'était cependant pas facile, car il existait 147 propriétaires, 22 cultivateurs et 13 personnes possédant du bétail, et chacun voulait garder son champ près du village.

Vingt cinq ans sont passés, le remembrement pourrait être révisé, car il n'y a plus de "manœuvres" et il reste 10 exploitants ; de plus, la motorisation, qui n'existait pas en 1953, s'est développée considérablement et nécessite de grandes parcelles.

Quand je suis arrivé à la Mairie en 1953, la tâche était immense, tout étant à faire : les bâtiments communaux étaient négligés ainsi que le cimetière, le village était sale, envahi par les fumiers et le purin qui s'écoulait sur la chaussée jusqu'auprès de l'église et de la Mairie.

Je dois au passage remercier tous les conseillers municipaux qui ont collaboré avec moi depuis 25 ans ; je n'ai jamais rencontré la moindre hostilité, aussi ma tâche en a été facilitée.

Dès 1954, nous avons procédé à l'édification de caniveaux dans tout le village, un arrêté préfectoral réglementant les dépôts de fumier intervenant peu après, j'ai été le premier maire du canton à l'appliquer ; c'était un travail considérable, certains cas n'étaient pas facile à résoudre, j'ai fait de mon mieux, je n'ai essuyé qu'un seul échec.

Le village a changé d'aspect à la satisfaction générale, ce changement était nécessaire.

Apprenant la démission du Maire et de l'adjointe de Landzécourt pour une question budgétaire, j'ai tenté une nouvelle fois la fusion entre nos deux communes, le 1er vœu ayant été émis un siècle plus tôt en 1856 par le Conseil d'Arrondissement de Montmédy.

Entre temps, diverses tentatives ont échoué an raison d'un legs du duc d'Aumale vers 1837 octroyant 23 hectares de bois dans la forêt de la Woëvre aux habitants de Landzécourt. Ce legs, dont bénéficiaient également les habitants de Baâlon, Mouzay, Milly et Lion devant Dun, remplaçait des droits acquis du temps du roi René de Jérusalem (titres de 1463 ; on parle même de titres datant de 1237) ; les habitants de ces 5 communes avaient le droit de faire pâturer dans toute la forêt de la Woëvre 1225 têtes de bétail, d'y disposer en plus des droits de glandée et de faînée, des affouages et des bois de charpente dont ils avaient besoin.

On ne connaît pas les raisons qui ont motivé ces avantages, mais on peut supposer qu'il s'agit de récompenses à des compagnons d'armes au cours d'une croisade.

Voulant faire cesser ces droits, le duc d'Aumale, propriétaire du moment, intenta un procès qui dura au moins 6 ans et qu'il perdit ; c'est à la suite de ce procès qu'il préféra octroyer, à titre définitif, environ 400 hectares aux dites communes, Landzécourt recevant pour sa part 23 hectares, ce qui était appréciable pour une très petite commune, ce qui était la cause des échecs dans les projets de fusion.

Au cours de la guerre 14-18, ce bois fut complètement détruit, de plus le chemin étant impraticable, Landzécourt se trouvait dans une situation aussi précaire que Quincy.

Je convoquai d'urgence le conseil municipal demandant aux conseillers de démissionner, de demander la suppression de Quincy et son rattachement à la commune de Landzécourt, le motif pouvait paraître risible, mais nous ne pouvions demander la suppression de Landzécourt, n'étant pas maître chez eux.

Le sous-préfet, avec qui j'entretenais d'excellentes relations, entra dans mes vues en me disant textuellement "contrairement aux usages, je passe vos démissions" et c'est ainsi qu'après une enquête de commodo le 2 mars 1957, nos deux villages sont devenus Quincy-Landzécourt ce qui en somme régularisait une situation de fait, il y avait bien 2 mairies et 2 conseils municipaux, par contre il n'existait qu'une école, une église et un cimetière, les dépenses concernant ces immeubles étant supportées pour ¾ par Quincy et ¼ par Landzécourt.

Cette fusion a permis, lors de la rénovation complète du réseau d'eau d'alimenter le quartier haut de Landzécourt, ce qui était impossible auparavant.

L'aménagement de la mairie-école s'avérait indispensable, l'instituteur était mal logé, disposant de 2 pièces au rez-de-chaussée et 2 pièces éloignées l'une de l'autre à l'étage, sans aucune commodité. C'est en 1956 que le projet a été adopté, l'instituteur dispose depuis de tout le 1er étage où un logement correct fut aménagé, sanitaires compris.

La mairie a été installée au rez-de-chaussée, la suppression du mur mitoyen nous donne un local spacieux et agréable et plus accessible à la population. Je déplore cependant de ne pas avoir fait installer le chauffage dans tout l'immeuble ; à cette époque, ce n'était guère vulgarisé, actuellement le coût serait élevé, sans aucune garantie de conserver la classe en raison de la faible natalité.

L'église avait besoin d'un sérieux rafraîchissement ; depuis la restauration du toit, des vitraux et du chauffage, il était également indispensable de procéder à l'achat d'un corbillard, les défunts étant jusqu'alors transportés à l'église et au cimetière à bras d'homme, ce qui n'allait pas sans mal pour les porteurs.

Le cimetière n'avait jamais été terminé, 3 côtés seulement étaient entourés de murs, le côté bas était seulement protégé par une haie non entretenue que les animaux franchissaient parfois au détriment des sépultures et des fleurs en particulier.

Vers 1960 quand les corps de militaires tués en 1940 furent transportés de la parcelle contiguë dans un cimetière national, la haie fut arrachée et remplacée par un mur dont les agglomérés ont été réalisés sur place.

Le terrain en forme de trapèze était occupé de façon disparate, les tombes disséminées jusqu'au milieu de l'allée centrale, souvent envahies par l'herbe, aussi son aménagement était bien nécessaire.

En 1966, le cimetière a été placé sous le régime des concessions pour obtenir un alignement indispensable, il fut nécessaire de relever 26 corps, dont certains inhumés depuis peu, ce qui ne se fit pas sans difficultés ; sans ma participation effective et une grande ténacité, le résultat était voué à l'échec, car s'il n'est pas facile de changer les habitudes des vivants, c'est bien plus difficile quand il s'agit de toucher aux morts. Tout le monde est fier du cimetière cité en exemple, mais à l'époque des transferts, les sentiments étaient fort partagés et même hostiles pour certains, pourtant le travail n'était pas très agréable.

L'aménagement de 5 tournants a considérablement facilité la circulation, l'achat de la maison LAMBOTIN qui a été démolie a permis d'élargir la chaussée et d'accroître la visibilité d'un point particulièrement dangereux, de même que celui situé au dessus de la Mairie, où la visibilité là aussi était très restreinte, situation encore aggravée par le passage des cars scolaires se croisant avec les troupeaux.

Le tournant de la ferme St Martin, celui des "Vesins" au dessus de Landzécourt ainsi que celui du "Violon" qui ont été aménagés ont réduit considérablement les dangers de la circulation.

Si au cours de mes 25 ans de mandat, j'ai pu rénover Quincy, c'est grâce aux Conseils Municipaux qui m'ont toujours fait confiance, mais aussi à la population consciente que les sacrifices consentis étaient nécessaires.

J'ai cependant subi un grave échec : je me suis battu pendant 20 ans pour obtenir le classement dans la voirie départementale de la voie communale allant du croisement Quincy-Brouennes à la RD 110 de Vigneul à Han les Juvigny.

Me heurtant à une décision du Conseil Général qui ne classe qu'en fonction d'un déclassement correspondant, j'ai pourtant alerté tous les Services Administratifs jusqu'au sommet, car il s'agit d'une injustice flagrante, car cette voie double la RD 947 où les transports encombrants ne peuvent transiter sous les ponts de Chauvency. Ce sont les contribuables de Quincy qui doivent supporter les dégradations à la chaussée provoquées par des véhicules sans objet pour Quincy. Cette injustice en plus oblige la commune à entretenir le pont de fer sur le Loison qui remplace le pont détruit en 1940, ce qui représente une dépense injustifiée et très coûteuse ; le classement de la route entraînerait la prise en charge du pont par le département alors que notre pont avant guerre ne nous causait aucun souci, ni dépenses.

Il reste beaucoup à faire, un projet est en instance depuis un an concernant l'aménagement et le goudronnage du chemin desservant le bois de Fays et les terrains environnants.

Ces travaux doivent être exécutés avec l'aide du Fonds National de la "forêt privée", du propriétaire du bois et de la commune, le Génie Rural étant chargé, selon ses attributions, de l'étude et de la réalisation, hélas, ces services sont bien longs et bien lents.

La forêt, elle aussi, cause bien des soucis, depuis près de 20 ans, un prélèvement de 20% + 5% est effectué par l'ONF sur les ventes de bois dans le but d'amélioration. Or, on peut qualifier l'intervention de ces services comme néfaste pour la commune, car on ne constate aucune réalisation tangible, l'ONF ne respectant même pas ses promesses.

Le nettoyage de la Chiers est à l'ordre du jour et il faudra bien revoir celui du Loison qui devrait être réalisé depuis 1954, l'étude, présentée par les services de Ponts et Chaussées, a été mal faite, ce qui a empêché le projet d'aboutir, le devis était exagéré : 80 millions de francs de l'époque alors qu'avant adjudication des entreprises avaient offert 50% de rabais, les propriétaires ont refusé ce projet trop élevé, ce qui est bien regrettable, car le prix sera bien supérieur actuellement, 25 ans sont passés, les prix ne sont plus les mêmes.

Avant de clôturer cet exposé, il me reste à déplorer la situation précaire de Quincy-Landzécourt, vieille localité, non dépourvue de charme, on ne peut que déplorer son manque de ressources et son emplacement géographique qui nécessite un réseau routier très important, ce qui constitue le problème majeur des municipalités présentes et futures, il faudra une grande ténacité et une discipline librement consentie de la part des usagers pour maintenir la viabilité de toutes ces voies de communication.

La répartition de la taxe sur les salaires par l'état devrait être modulée en fonction des ressources et des charges de chaque commune de façon à atténuer au moins les injustices flagrantes. Hélas, nous sommes loin du compte. La TVA, elle aussi, devrait être ristournée aux communes, ce qui grève considérablement les budgets.

Conclusion : j'ai passé 25 ans à la Mairie où je pense avoir marqué mon passage et avoir rempli au mieux mon mandat. L'aménagement du village, des voies de communication et des bâtiments communaux sont le reflet de la Municipalité, en harmonie, bien sur, avec les ressources locales en l'occurrence bien faibles, hélas.

Le Maire doit être disponible en permanence et se dévouer sans compter pour tous ses administrés, surtout les plus humbles qui ont parfois besoin d'aide et de conseils. Mais la confiance se mérite, l'impartialité et la discrétion sont nécessairement de rigueur, l'intérêt général doit toujours primer l'intérêt particulier y compris l'intérêt personnel ; c'est toujours la règle que j'ai observé depuis ma première élection en 1953.

Je pense que les habitants de Quincy et Landzécourt l'ont bien compris puisqu'ils m'ont toujours renouvelé leur confiance à une forte majorité; en tout cas, j'ai fait de mon mieux pour ne pas les décevoir.

Je pense également que Mr FEYDEL, sous-préfet, ne s'est pas trompé quand il m'a dit en 1958 "d'une commune de rien, vous en avez fait quelque chose" ce qui ne veut pas dire que j'ai été exempt de déceptions et parfois même de ceux de qui j'aurais du en attendre le moins, un proverbe dit ceci "quand ça va bien, n'attends pas de merci et on ne t'en doit pas, par contre, si ça va mal quelles qu'en soient les responsabilités, "ce sera toujours ta faute", peu importe, bien faire et laisser dire.

La vie d'un Maire comporte aussi des moments très agréables, banquet à l'occasion d'un mariage, différentes réceptions et autres, etc. Cette fonction permet de côtoyer diverses personnalités que l'on n'aurait pas en d'autres circonstances rencontré, ce qui est souvent très enrichissant.

Il existe aussi des missions bien pénibles, soit au moment de décès subits ou par noyade auprès de parents éplorés, de même que lors de l'hospitalisation de pauvres vieux quittant leurs habitudes bien souvent ans espoir de retour.

Je terminerai sur deux faits cocasses dont j'ai été le héros malgré moi.

Un jour de Pâques, pendant la messe, on vient me chercher, car un pauvre homme, atteint d'anémie cérébrale, avait menacé sa sœur d'un couteau ; j'appelle le docteur qui ordonne son internement sur le champ. Je décidai de partir avec mon adjoint Marcel LAMBOTIN pour l'hôpital de Fains les Sources. MANGIN, c'était son nom, s'étant calmé je le laissai dans ma voiture dans une ruelle perpendiculaire à l'entrée sous la garde de LAMBOTIN pendant que je remplissais les formalités d'admission. Bien mauvaise idée, je suis resté près d'une heure à attendre et j'ai eu bien du mal à faire admettre que je n'étais pas celui qui devait être interné. Il y avait beaucoup de malades dans les couloirs de l'asile ce jour de Pâques, certains infirmiers ne me paraissant guère plus intelligents. Finalement, nous avons tous bien ri, mais sur le moment, je n'étais pas très fier, surtout quand je me trouvais entre 2 infirmiers.

A quelque temps de là, par un beau lever de soleil, un dimanche de mai, je suis appelé d'urgence afin de transporter une jeune femme à la maternité de Verdun ; celle-ci, séparée de son mari, était dépourvue d'assurances, je me devais donc de la faire admettre d'urgence. Hélas, sa mère m'accompagnant, nous sommes partis trop tard, si bien qu'un beau bébé a fait son apparition dans la voiture à quelques kilomètres de Quincy. Nous avons du retourner appeler sage-femme et docteur lequel ne s'est pas privé de se moquer de moi. Il s'agit du Dr ANDRÉ avec qui j'ai toujours entretenu d'excellentes relations. Finalement tout s'est bien passé, la voiture également s'en est tirée sans trop de mal et quand on demande à Éric où es-tu né : "près du Bois Robert, dans la voiture à GRANDPIERRE".

Une troisième pour finir : chargeant de force une vieille demoiselle dans une ambulance à destination de Verdun, avec le docteur, nous nous sommes trouvés l'un et l'autre couverts de puces ; pourtant dès le lendemain, lui rendant visite à l'hôpital, elle m'a dit : "vous avez bien fait, je ne pouvais plus rester seule".

Terminé en mars 1978

 



Les métiers à Quincy et Landzécourt

Bien que l'agglomération ne soit pas importante, Quincy possédait un corps de métiers très variés avec la vie courante.

L'eau a toujours été la seule source d'énergie de la région. Aussi dans le passé, Quincy possédait 2 moulins, l'un sur le Loison où se trouve actuellement la ferme LEMARCHAL, l'autre dit "moulin de la Crouée" se trouvait au croisement du chemin allant "sous la Maisse" et du chemin rejoignant "le blanc Cheval". Ce moulin était alimenté par le ruisseau de l'Aunois qui alimentait 2 étangs, mais depuis longtemps l'ensemble a disparu, il reste toutefois des caves où les soldats au cours de l'hiver 1939-40 enterraient les chevaux péris.

Le moulin LEMARCHAL est très ancien, lui aussi, puisqu'il figure déjà aux archives de Landzécourt en 18248, lors des démêlés qui ont existé au sujet des affouages auxquels prétendait avoir droit le meunier dans la forêt de Woëvre et qui lui ont toujours été refusé par la commune ; seul l'occupant de la ferme St Martin a pu en bénéficier, on ignore d'ailleurs pourquoi.

Le moulin avait 2 vocations, l'une axée sur la farine panifiable, l'autre sur la mouture destinée aux animaux, le travail s'effectuant sur une redevance en nature soit 10% des denrées amenées ou recueillies chez l'habitant.

Le moulin était actionné par une roue alimentée par l'eau du Loison retenue par un barrage qui existe encore et c'est seulement en 1934 que Mr LEMARCHAL, qui a maintenu son activité jusque la guerre de 1939-45 a remplacé la roue par une turbine, et pendant la dernière guerre, nombreux sont les habitants de la région qui eurent recours au moulin de Quincy.

Le meunier exerçait en plus un commerce de grains et issues, il passait dans les agglomérations pour y collecter le grain et fournir la farine et les issues aux boulangers et aux particuliers.

Au cours de la guerre 1914-18, les allemands installèrent une dynamo, qui actionnée par la roue du moulin, sauf pendant le crues, apporta la lumière électrique à l'agglomération pendant la durée de la guerre et jusque 1928, où "l'Est Électrique", devenu depuis EDF, installa une ligne à haute tension, ce qui permis en plus de la lumière d'obtenir la force motrice, permettant ainsi d'actionner les batteries jusqu'alors entraînées par les manèges à chevaux.

Depuis la fin du siècle dernier, chaque cultivateur possédait sa batteuse, alors qu'auparavant le battage s'effectuait au fléau ce qui représentait un travail fastidieux ceci d'autant qu'à part les prés submersibles tout le pays était cultivé ; il est vrai que les rendements étaient loin d'atteindre les quantités actuelles.

Le moulin, lui aussi, avait sa batteuse qu'il tenait à la disposition des manœuvres en particulier, lesquels battaient une bonne partie de leur récolte à la moisson, d'où source de bien des palabres et malentendus, chacun voulait avoir son tour, les uns amenant les gerbes alors que les autres enlevaient le grain battu, les pailles et menues pailles destinées aux animaux.

Que de discussions parfois, surtout en année humide ; la situation a bien changé depuis l'apparition des moissonneuses batteuses dont la première à Quincy date de 1949. On peut dire que la motorisation a révolutionné l'agriculture, le mot n'est pas trop gros, mais elle a causé la disparition du cheval.

La forge MOLITOR, datant de plusieurs générations travaillant en famille, construisait batteuses, charrues, houes, herses, etc. ainsi que charrettes et chariots et entretenait, en plus du ferrage des chevaux, tout le matériel agricole.

Pendant l'hiver, MMrs MOLITOR façonnaient entièrement à la main, par centaines, les haches et serpes, lesquelles bénéficiaient d'un renom qui dépassait le cadre local et même régional ; l'atelier existait encore au cours des années 1960.

Il y a toujours eu à Quincy un atelier de charronnage, même plusieurs à certaines époques, qui fabriquaient pour la partie bois tous les outils indispensables à l'agriculture ainsi qu'à l'entretien des locaux d'habitation et d'exploitation, en harmonie d'ailleurs avec la forge communale, l'un ne se concevant pas sans l'autre ; le dernier charron fut Mr ARNOULD Aimé, qui exerça encore son activité jusqu'après la dernière guerre.

Quincy, avant 1939, avait encore 2 cordonniers, mais avant 1914 la cordonnerie avait une activité remarquable, une demi douzaine d'artisans travaillaient pour les ateliers de Montmédy et Jametz et fabriquaient aussi bien des chaussures de travail que des chaussures habillées.

Avant 1914, il y avait également un bourrelier qui n'a pas été remplacé, de même que les tailleurs d'habits (famille ARNOULD dont les enfants exercent leur activité à Longwy et Longuyon). Il y avait également menuisiers, couvreurs ainsi que des maçons ; toutes ces personnes dans l'ensemble possédaient des terres et du bétail, et s'entraidaient avec les cultivateurs ; les comptes étaient réglés l'hiver au cours d'une veillée ; l'hiver, tous ces manouvriers, en général, se transformaient en bûcherons.

C'est dire que grâce à tous ces corps de métiers la vie était relativement facile à Quincy, hélas tous ces ouvriers ont disparu.

Dans le passé et jusqu'à peu de temps, chaque maison disposait d'un four où les ménagères, qui étaient également très expertes en pâtisserie, cuisaient le pain pour la semaine et même pour la quinzaine en hiver ; pour lui conserver une certaine fraîcheur, on faisait des pains de 3 kilos et même de 6 kilos.

Déjà avant 1914, un boulanger de Brouennes avait établi un dépôt de pain au café MOLITOR qui en même temps tenait un commerce d'épicerie. Un boulanger de Montmédy avait un dépôt identique au café ARNOULD devenu après CRAFFE-ARNOULD.

C'est en 1912, que Monsieur Lucien HIBLOT, alors jeune marié à Mlle ARNOULD construisit un fournil, hélas ce jeune boulanger fut tué au cours de la guerre 14-18.

La veuve, remariée avec Mr CRAFFE, poursuivit son activité, tant qu'il fut en bonne santé, entre les 2 guerres, il desservait également Vigneul et Han les Juvigny.

Quincy jusqu'à la guerre 39-45 disposait de 3 cafés, l'un au moulin qui ne reprit pas son activité après la guerre, le second au café MOLITOR, l'autre à la boulangerie CRAFFE repris par Mr MOZZO et son épouse née CRAFFE.

Il existait un jeu de quilles à chaque café, ce qui créait une certaine animation les dimanches d'été surtout ; Mr MOLITOR disposait d'une salle de bal, c'était la belle époque, car de nombreux jeunes des environs venaient danser à Quincy où les bals étaient très animés, celui de la St Martin surtout à l'occasion de la fête patronale, qui était célébrée régulièrement, c'était la tradition qui voulait que les familles se réunissent, aussi la fête avait une grosse animation, hélas les temps ont bien changé, depuis 1977, il n'existe plus aucun café à Quincy, ce qui est bien regrettable, car c'était le rendez-vous des joueurs de quilles, mais aussi des joueurs de cartes, de même qu'à la sortie de la messe ou de diverses réunions, c'était aussi le point de ralliement des chasseurs et surtout des pêcheurs qui viennent s'adonner à leur plaisir favori dans le Loison particulièrement poissonneux.

On ne peut terminer ce chapitre sans parler des tisserands ; j'ai encore entendu parler à Landzécourt d'un certain MATHIEU surnommé "CANIVET", le tissage s'effectuait avec la laine et le chanvre filés au cours de longues soirées d'hiver, chaque foyer avait son rouet.

C'était l'époque des gros trousseaux, il n'était pas rare de rencontrer jusqu'à 4 à 5 douzaines de paires de draps dans les familles aisées et tout le linge correspondant.

La lessive s'effectuait 1 ou 2 fois par an, le linge après avoir été "décrassé" à la fontaine publique, était placé dans un grand tonneau spécial, recouvert sous une toile de protection d'une épaisse couche de cendres de bois copieusement arrosée avec de l'eau bouillante avant d'être transporté à nouveau à la fontaine pour y être "lavé" et "rincé".

C'était un travail très pénible, car les laveuses travaillaient à genoux, qui bien souvent était encore aggravé par les intempéries, car quel que soit le temps, une lessive commencée devait être conduite à son terme ; j'ai encore souvenance de ces travaux qui se pratiquaient encore avant 1914.

Quincy et Landzécourt ont toujours eu une vocation agricole. En 1932, il y avait encore 26 cultivateurs, 25 foyers en outre possédaient quelques hectares de terre et avaient de 2 à 5 bovins. Ces personnes confiaient le travail des terres et les transports des récoltes, bois, fumier aux cultivateurs ; en échange, ils participaient aux divers travaux saisonniers, binages, fenaison, moisson, récoltes de pommes de terre, betteraves ; chaque cultivateur avait son ou ses "manœuvres", les comptes se réglaient une fois l'an au cours d'une veillée.

L'élevage chevalin était florissant, en plus des travaux de la ferme effectués avec les chevaux, il existait de nombreuses poulinières, car un débouché en chevaux de 3 ans à destination de la Champagne était assuré, de même que l'armée était friande de chevaux ardennais pour son artillerie, c'est dire que l'effectif était très important.

Avec l'apparition des tracteurs, dont le premier Quincy date de 1945, le cheptel chevalin a diminué progressivement jusqu'à sa disparition complète à l'exception de quelques chevaux ou poneys que l'on rencontre ça et là dans les environs.

Par contre, le cheptel bovin a considérablement augmenté, le lait constituant l'une des ressources principales des agriculteurs. L'élevage ovin qui avait disparu a fait sa réapparition, on observe la présence d'élevages d'une certaine importance.

Dans un passé relativement récent, l'élevage du porc était très important ; chaque foyer tuait au moins un porc par an et les agriculteurs généralement deux ; c'était à celui qui tuerait le plus gros et le plus gras : les porcs de plus de 200 kg étaient courants, de plus les cultivateurs et les manœuvres en élevaient pour la vente aux commerçants spécialisés ou aux bouchers.

Ces animaux étaient engraissés avec des pommes de terre plantées en abondance, du lait écrémé et des issues de meunerie ; il existait peu de truies à Quincy, les éleveurs s'approvisionnaient à la foire mensuelle de Montmédy où le commerce des porcelets était florissant.

Avec les méthodes nouvelles, le manque de main d'œuvre et aussi selon les avis de la faculté dénigrant les graisses animales à quelques exceptions près, l'élevage du porc a disparu, pourtant le jambon de pays entrelardé était particulièrement savoureux, de même que les innombrables saucisses confectionnées avec soin par les ménagères.

On peut certes déplorer ces changements importants, mais il faut bien constater qu'à cette époque, on vivait plus frugalement qu'actuellement, aussi les corps gras étaient-ils moins nocifs.

L'aviculture était un complément substantiel : il existait à Quincy de très nombreuses volailles, oies, poules, canards ; les œufs étaient collectés avec le beurre fait à la ferme, par les coquetiers pratiquement disparus, ceux subsistant ne s'intéressant qu'aux élevages industriels. Là aussi, on observe un changement radical, bien rares sont ceux qui possèdent quelques volailles pour leur usage personnel, on observe à Quincy la présence d'un élevage avicole très important axé sur le poulet de chair, cependant, il existe dans presque chaque maison quelques lapins destinés à la consommation familiale.





Notes recueillies à la bibliothèque municipale de Verdun concernant Quincy Landzécourt datant de 1910

Dans les anciens titres, notamment dans le "cartulaire" de Gorze en 770, le village est mentionné "Quinciacum" villa infine Wabreuse (Quincy les Wävres).

En janvier 1286, Mont-Saint-Martin, Chauffour et Quincy furent affranchis par ARNOLD, écuyer, sire de Mont-Saint-Martin (Saint-Martin).

Il y avait un écart "Long Wemoul", maison isolée à 1 km du village9, la ferme Saint-Martin à 1,5 km, les ruines d'une petite chapelle, oratoire primitif de l'ancienne Villa PUBLICA du Comte BOZON10. Certains archéologues ont cru reconnaître en cet endroit l'emplacement du Camp de la Woëvre, célèbre par le fameux combat de 588.

Le Chauffour, ferme à 2 km, fut autrefois le titre d'une maison célèbre et puissante, noble maison d'Armes de la Châtellerie de Stenay qui, après s'être alliée avec DEUILLY de SANCY et aux CASTELET TRICHATEAUX, vint s'éteindre dans la maison d'ALLAMONT au XVIIème siècle. Jean d'ALLAMONT, gouverneur de Montmédy, était seigneur de Quincy.

Au XVIIème siècle également, le Chauffour entrait dans le domaine de POUILLY, par Louis de POUILLY, seigneur de Ginvry.

Selon les abbés GILLAUD et ROBINET en 1570, il y avait 100 communiants à Quincy, 27 ménages, en 1788 55 feux, en 1791 45 citoyens actifs, en 1804 373 habitants à Quincy, 93 à Landzécourt qui en 1670 comptait 10 ménages, 18 citoyens actifs en 1791.

Avant 1790, Quincy faisait partie du Diocèse de Trèves, archidiaconé de Longuyon, doyenné de Juvigny avec Landzécourt comme annexe.

Sur le plan matériel et administratif, Quincy appartenait au "Clermontois", baillage de Varennes, prévôté de Stenay.

En plus des écarts précités, il existait "Le Moulin" et Landzécourt, commune sans église.

Église : reconstruite le cœur en 1738 (il reste dans le cœur des traces de construction plus anciennes de l'époque ogivale), le reste vers 1830.

Quincy : origine gallo-romaine, est mentionnée par son église sise à St Martin, datant de 624, entourée d'un cimetière ; c'était d'après la tradition, l'église mère de la contrée.

Cette église qui au XVIIème siècle n'était plus qu'une chapelle desservie par un Ermite Joseph GRANJEAN, mort en 1684, ROBERT le remplaça, mort en 1720.

Le cimetière qui l'entourait a été transféré près de l'église en 182311. En 145212, ROBERT de Quincy, prévôt avait affecté à la dotation de l'église de St Martin, le bois Robert13

L'église de Quincy possède de nombreuses reliques ? reconnues officiellement le 7/11/1891.

Comme il est déjà dit, Landzécourt, commune sans église, ni cimetière, dépendait de Quincy ; il existait autrefois une chapelle dédiée à St Maurice.

Le curé de Quincy y célébrait la messe une fois par semaine et recevait, en 1570, un grand boisseau de graines, soit 21,75 litres. Le boisseau arasé (boisseau de Montmédy) était de 17,40 l ; la pinte de Montmédy contenait 1,45 litres.

L'abbé Lambert BAUDA, curé de Quincy en 1775, prête serment constitutionnel en 1791, mais refusa celui du 18 fructidor de l'an V ; il mourut en 1806.

Le dernier curé de Quincy fut l'abbé THOMAS, depuis 1880, encore bien connu des personnes âgées.





Quincy Landzécourt dans le passé

On possède peu de renseignements en commune sur le passé, les archives de Quincy ont partiellement disparu, sans doute au cours des guerres, par contre Landzécourt a pu conserver ses registres depuis 1868.

J'ai pu obtenir, à la bibliothèque municipale de Verdun quelques renseignements remontant au 8ème siècle, d'ailleurs reproduits aux pages précédentes.

Il semble cependant qu'une activité importante a existé aux époques gallo-romaines et franques-mérovingiennes, car il reste certains vestiges qui, malheureusement, n'ont pu être sauvés ou protégés.

Ces vestiges datent sans doute, soit d'avant Jésus-Christ, soit des siècles qui ont suivi, selon certains historiens14, une invasion importante aurait chassé la population vers le 2ème ou 3ème siècle laquelle se serait réfugiée en Champagne et la contrée serait restée désertique jusque vers le 7ème siècle.

Il avait été découvert depuis longtemps déjà des urnes funéraires en bordure du bois "La Grosse Haie" dans la parcelle communale n°C5, mais ces tombes avaient été pillées.

Dans toute la parcelle, on retrouve des morceaux de tuiles très épaisses, plates, modèle qui a complètement disparu. Vers 1970, l'exploitant Mr LAUNOIS de Han les Juvigny à découvert les vestiges bien conservés d'une "villa", magnifique pièce historique de 3m x 3m ; cette construction était semi enterrée, on y accédait par 5 escaliers, les murs étaient fort bien faits, jointoyés symétriquement, une pierre cylindrique servait de table sans doute.

Le Syndicat d'Initiatives de Montmédy assura le déblaiement et se proposait de la couvrir pour assurer la sauvegarde ; hélas, son président Mr le Dr JACQUEMART, quitta Montmédy, son successeur, malgré ses promesses, laissa péricliter l'affaire ; les murs se désagrégèrent et tout fut perdu ce qui est bien dommage car il s'agissait d'une très belle construction, pièce très rare.

Lieu dit "Chauffour" partie haute, près de Chaufournel, il existe des traces de construction datant sans doute de la même époque, car on retrouve le même genre de tuiles que "Devant la Grosse Haie" ; selon des photos aériennes, il semble qu'à cet endroit, il y aurait eu plusieurs immeubles.

Par photos aériennes, lieu dit "Sous la Sarthe", on découvre également les vestiges de plusieurs immeubles, mais il semble que ce serait plus récent ; s'agit-il des bâtiments dont il est question dans les renseignements recueillis à Verdun (voir pages antérieures).

Dans les terrains proches de la ferme St Martin, entre les bâtiments et la descente vers Quincy, on découvre des fragments d'ossements humains, mais il est dit antérieurement que les habitants de Quincy étaient enterrés à St Martin ; d'ailleurs le chemin qui monte à la ferme conserve encore actuellement le nom de "la Ruelle des Morts", nom qui se perd avec la disparition des anciens.

Ces ossements proviennent sans doute des vestiges du cimetière transféré à Quincy en 1826.

Dans le jardin de la ferme (vers 1947) que j'ai habité plus de 30 ans, en creusant une couche, nous avons découvert les fémurs de 5 personnes alignées soleil levant, l'un de ces fémurs conservait la trace d'une ancienne fracture bien ressoudée ; il y avait dans la tombe une petite urne en cuir bien conservée, mais sans couvercle ; selon des gens avertis, il s'agit probablement de guerriers de l'époque franque.

Nous avons découvert également quelques années plus tard dans un hangar de la ferme, en creusant une cuve de réception de grains, 2 cercueils constitués de pierres assemblées, il restait des traces d'ossement et une seraxamaxe15, genre d'épée en fer de 35 cm environ, bien conservée.

Après le remembrement de 1956, dans la parcelle ZE 12, lieu-dit "La Fosse", en labourant sur des limites changées de place, nous avons emporté le couvercle d'une urne funéraire, laquelle contenait certains ossements partiellement calcinés d'une personne jeune, les cartilages n'étant pas encore soudés ; selon le Dr ANDRé, il s'agirait des ossements d'un jeune chef ayant moins de 18 ans de l'époque gallo-romaine.

Cette urne de 0,50 x 0,35 x 0,40 environ contenait également des vases en terre, des fibules ainsi que les restes endommagés par les intempéries d'un vase en verre de couleur violette, l'anse fixée au reste par des tiges de cuivre ; le verre était d'une extrême finesse.

Aussitôt alertée, la 5ème section archéologique, dont le siège est à Nancy, envoya une équipe dirigée par le Maire de Grand-Failly (M & M) qui fit des recherches, découvrit dans les environs 5 autres urnes, mais constituées de plusieurs pierres rapportées et qui, toutes, étaient vides.

Cette belle pièce constitue une des pièces maîtresse du musée de Grand-Failly ; je n'ai pas pu m'opposer à son transfert, je regrette cependant de ne pas avoir demandé l'aide de l'autorité préfectorale afin qu'elle soit déposée au Musée de la Princerie à Verdun, dont je ne connaissais pas l'existence à cette époque.

On ne possède aucun renseignement sur les siècles précédant la Révolution Française : on sait seulement que le rattachement de Montmédy à la France a eu lieu sous Louis XIV en 1657 ; sans aucun doute Quincy et Landzécourt furent libérés de la colonisation espagnole par la même occasion.

Nous n'avons pas plus de renseignements sur la Révolution mais il semble que cette époque troublée se soit passée sans incident notoire ; les archives de Landzécourt, datant de 1808, n'en faisant pas mention, non plus que des divers régimes qui ont suivi.

On constate seulement l'obligation par les Maires et adjoints, l'obligation de prêter serment soit à l'empereur, soit au roi, dont la fête était "honorée" le 20 avril.

Lors du recul des armées impériales, Landzécourt dut fournir, et sans doute Quincy également, des denrées alimentaires et fourrage qui furent emmenées à Marville pour le ravitaillement des troupes royales.

La poste était assurée depuis Louppy, l'administration demanda que le service soit desservi par Montmédy, Landzécourt refusa en raison des débordements à Vigneul et aussi en raison que l'affranchissement coûtait 1 centime plus cher qu'à Stenay. Quelle fut la réponse ?

Pendant le 19ème siècle, la population était importante ; c'est sans doute pendant cette époque que les nombreux murs de jardin et autres furent édifiés, car la moindre surface avait son importance.

Les chemins étaient bien entretenus, ceci à l'aide des prestations c'est à dire par des journées de travail dues par les hommes, mais aussi pour les voitures.

La population, bien que n'étant pas concernée, devait participer à la construction des routes, c'est ainsi que Landzécourt dut fournir une certaine quantité de pierre et de terre16 pour la construction de la route de Montmédy à Stenay (sans aucun doute Quincy également).

Les habitants de Quincy et Landzécourt ne disposant que d'une poucette17, dont la vétusté est déjà signalée en 1826, une jeune fille de Chauvency s'étant noyée, la commune de Landzécourt fut rendue responsable et dut verser une indemnité de 2000 francs aux parents.

De nombreuses palabres eurent lieu entre les 2 communes afin de remplacer cette passerelle par un pont dont l'utilité était reconnue de tous, mais il fallut plus de 20 ans de démarches avant que le pont ne soit construit en 1875, payé par moitié par chaque commune soit 25000 francs.

Le passage de la rivière par les animaux et voitures s'effectuait par un gué situé en aval du moulin dénommé "Long-Wé", un chemin vendu en 1975 à DIDIER et ANDRIEN rejoignait le chemin de Vigneul lieu-dit "Les Vesins".

Ce n'est qu'en 1905 que Landzécourt fut libéré de l'emprunt contracté pour le pont.

L'achat d'une maison pour aménager le presbytère s'est effectué en 1820 pur la somme de 10000 francs de l'époque payable ¾ par Quincy et ¼ par Landzécourt.

En 1845, une maison a été achetée pour l'agrandissement de l'église, trop exiguë, le cœur restauré en 1732 fut conservé, la fabrique18 de Landzécourt vendit à cette occasion un pré lieu-dit "Le St Maurice" pour régler une partie de sa part.

Il est probable, mais ce n'est pas certain vu la disparition des archives (en partie) de Quincy, que c'est à ce moment que la fabrique de Quincy vendit le "Bois Robert" qui lui avait été légué plusieurs siècles auparavant.

Le spirituel occupait, à cette époque, une grande place dans la vie des habitants, le clergé avait une forte autorité sur la population, qui a fortement baissé certes, mais on constate une désaffection qui s'accentue dans les pratiques religieuses.

En 1855, le cimetière situé près de l'église, fut transféré où il se trouve actuellement et où enterrait déjà les "cholériques" une parcelle fut achetée pour 6000 francs à une dame HINGOT de Chauvency, une autre à une personne de Montmédy.

La Mairie École, modernisée en1956, a été reconstruite sur l'emplacement de l'ancienne, Landzécourt intervenant pour ¼ sauf pour la Mairie estimée à part à la charge de Quincy avec les ¾ du reste.

Il existe bien d'autres faits qui méritent d'être signalés, la destruction par la foudre vers 1865 du clocher, la pose de l'horloge en 1910, l'établissement de la sonnerie à 3 cloches en 1930 dont l'une porte les nom et prénom de mon épouse, etc.

Je terminerai mon exposé en espérant qu'ultérieurement quelques personnes pourront avoir un aperçu de la vie à Quincy et Landzécourt dans un passé plus ou moins lointain.

J'ai fait de mon mieux pour relater les faits aussi justes que possible, la vie moderne entraîne un changement fréquent des populations ; je sais que la majorité s'intéresse peu au passé, c'est pourtant un sujet très passionnant, n'oublions pas que nous sommes les descendants de nombreuses générations qui ont œuvré avant nous et qui ont contribué malgré des conditions de vie souvent très difficile nous permettant d'être ce peu que nous sommes aujourd'hui.



Terminé le 3 juillet 1978 par François GRANDPIERRE, maire de Quincy-Landzécourt



Denrées fournies par Landzécourt en 1815

Pains de 4 livres 115

Viande sur pied 57 kg

Sel 1 kg

Vin 5 l

Bière 115 l

Eau de vie 33 l

Il est certain que Quincy a du fournir également une certaine quantité de denrées, mais vu le manque d'archives, on ne peut préciser.

1 il s'agissait peut-être de 3 officiers

2 j'ai porté avec mon grand-père des vivres à mon père qui s'y trouvait à l'automne 1914 avant son départ pour l'Allemagne

3 Dans la nuit du 29 au 30 septembre 1938, les accords de Munich sont signés par Hitler, Mussolini, Édouard Daladier, chef du gouvernement français, et le Premier ministre britannique Arthur Neville Chamberlain. Hitler obtient pleine satisfaction concernant le rattachement au Reich de la minorité allemande des Sudètes qui avait été incorporée à la Tchécoslovaquie. La paix est sauvée. Dans leurs foyers comme dans la rue, les Français, qui ont cru la guerre imminente, sont rassurés et contents. Les anciens combattants, qui ont connu l'horreur des tranchées, participent eux aussi à ce que Léon Blum appellera plus tard un «lâche soulagement».Ce sont donc des foules enthousiastes qui accueillent Daladier à son retour de Munich. De l'aéroport du Bourget au ministère de la Guerre, plus de 500 000 personnes se sont spontanément massées. On crie: «Vive la Paix !», «Vive la France !», «Vive Daladier !».

4 note du lecteur : il doit y avoir une erreur de date : ce doit être le 1er octobre.

5 note du lecteur : la distance réelle est de moins de 40 km au lieu de 20 en passant par Stenay, mais il faut aussi trouver un pont pour traverser la Meuse.

6 plante voisine du colza, dont les graisses fournissent une huile

7 j'ai également conduit et mis en place plus de 2000 bornes bénévolement

8 Claude GRANDJEAN était l'exploitant du moulin banal de QUINCY en 1739. Est-ce le moulin de la Crouée ou l'autre ?

9 des vestiges par photo aérienne ont été découvert "Sous la Sarthe" ; est-ce de cela qu'il s'agit ?

10 il n'existe aucun vestige

11 c'est vers 1850 que le tout fut transféré où il se trouve actuellement, il cependant que l'on enterrait avant 1826; près de l'église ; seuls les cholériques étaient déjà enterrés au bout du village.

12 note du lecteur : 1452 ou 1652, à vérifier

13 vendu on ne sait pourquoi, peut-être pour agrandir l'église trop exiguë, quel dommage !

14 ce qui est contredit par les renseignements recueillis à Verdun

15 note du lecteur : nom à vérifier et confirmer

16 de même qu'il a fallu fournir de la terre et de la pierre lors de la construction de la voie ferrée Paris-Luxembourg pour l'édification des remblais

17 poucette (note du lecteur : ou poncette à vérifier) de 0,50 réalisée entièrement et entretenue uniquement par Landzécourt, longueur 117 m

18 dans le passé, il existait dans chaque commune un conseil de fabrique qui gérait les biens d'église, qui avait son budget et ses propriétés

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